L’avenir en devenir

L’AVENIR EN DEVENIR DE L’HOMME CRÉATEUR
CONSTRUIRE L’AVENIR
PARIER SUR L’HOMME
L’HOMME EN DEVENIR
L’AVENIR : Un pari sur l’Homme
PARIER SUR L’HOMME CRÉATEUR
LA CRÉATION AU POUVOIR
LE POUVOIR DE L’HOMME CRÉATEUR

LE PARI

Trois siècles après Pascal, l’enjeu est de croire ou non en l’Homme. Son approche raisonnée de l’Inconnu nous fait postuler aujourd’hui :
L’Homme est habité par l’énergie créatrice ou il ne l’est pas … Il faut parier… Pesons le gain et la perte…

Panier, c’est miser sur une hypothèse non encore vérifiée, c’est croire AVANT de constater : C’est le fondement même de tout investissement, c’est l’acte du semeur qui ne verra les fruits des semailles que bien plus tard. Le semeur parie sur le pouvoir germinatif des graines semées, il parie aussi sur l’adéquation du sol et du climat au développement de la plante.

Parier sur l’énergie créatrice potentielle en chaque être, n’est pas un pari sans fondement. En de multiples occasions extrêmes, dramatiques ou exaltantes, les êtres humains nous surprennent : parfois ils sont comme soulevés au-dessus d’eux-mêmes, et se révèlent plus grands, plus forts, plus riches que d’habitude. Ce qui est perçu dans les situations exceptionnelles nous autorise à postuler l’hypothèse qu’ils sont peut-être tous et chacun habités par un potentiel peu exploré que nous appellerons : L’ÉNERGIE CRÉATRICE.

Refuser d’emblée l’hypothèse, c’est nous priver, si elle était exacte, d’une source d’énergie encore inconnue.

Accepter l’hypothèse, c’est explorer cette nouvelle source d’énergie, si elle existe ; c’est développer une meilleure connaissance de l’Homme et de ses limites, si l’hypothèse se révélait fausse.

Cet ouvrage a comme finalité de rendre disponibles les résultats des travaux menés depuis 1952, travaux engagés à la suite de ce pari : l’Homme est habité par des énergies encore peu explorées :

  • Que sont-elles ?
  • Comment fonctionnent-elles ?
  • Quels résultats peut-on escompter de leur utilisation ?

Nous avons observé que ces énergies forment un système de systèmes interagissants dont les cycles du temps se déploient dans la durée.
Ce nouvel UNI-VERS est ternaire et multidimensionnel. Il a nécessité l’élaboration d’une nouvelle représentation du réel et une grille de lecture adéquate que nous avons nommée :
Structure de Conscience Différentielle.
Elle permet de distinguer pour unir. (2)
L’élaboration de la structure de conscience différentielle doit beaucoup aux travaux de Carlos Suares (1), de Jean-Louis Tripon (2), de Stéphane Lupasco (3) et de Ludwig von Bertallanfy (4).
Le déploiement des cycles du temps dans la durée est basé sur les travaux de Jean-Charles Pichon (5), de Dane Rudyar (6), de Germaine Holley (7) et de G.C. Rapaille (8).

GRILLES DE LECTURE

Toute observation de la réalité est une lecture à travers une grille ou une lunette. Nous ne prétendons à aucune VÉRITÉ absolue. Nous livrons ce que nous avons vu, vécu et expérimenté en utilisant d’autres lunettes. L’utilisation d’une lunette astronomique révèle autre chose que l’utilisation d’un microscope sans pour autant infirmer les observations faites sous microscope.
Chaque grille de lecture, chaque représentation du réel ne donne des informations que dans sa propre relativité. Les connaissances acquises sont au mieux des Absolus-relatifs.

Si ces observations sont utiles à ceux qui ont l’intuition du nouvel enjeu et leur permettent de fonder dans les décennies à venir le pouvoir évolutif de l’Homme, ces travaux n’auront pas été vains.

LE CHANGEMENT D’AXE CULTUREL
OU LE DÉPLOIEMENT DU TEMPS DANS LA DURÉE

La culture occidentale est sous-tendue par les représentations judéo-chrétiennes de l’Homme, essentiellement par celles de la relation de l’Homme avec ce qui le dépasse : la Transcendance.

Deux aspects de ces représentations sont particulièrement présentes malgré le désintérêt croissant pour toute religion révélée :
Dieu le Père et Jésus-Christ le Médiateur. La troisième personne de la Trinité reste à venir.

Dieu a disparu des discours et même des préoccupations de la plupart des Occidentaux, mais la relation au Père reste omniprésente.

La relation au Père, au Patron, au Président, et en général, à toute autorité, reste calquée sur la relation archaïque de l’Homme au Dieu de l’Ancien Testament : Soumission ou Révolte. Les êtres humains du 20e siècle en attendent toujours la rigueur et la miséricorde, le courroux et le pardon.

Malgré la vogue qu’a connu l’imitation de Jésus-Christ, la plupart des Occidentaux, y compris ceux qui se réclament du matérialisme historique, ne peuvent concevoir une relation directe entre l’Homme et la Transcendance.

Jésus-Christ n’est plus très présent dans les préoccupations quotidiennes, mais la quête d’un médiateur, d’un représentant qui dépend les intérêts des individus, d’un intermédiaire entre l’individu et l’autorité est générale.

La relation de l’Homme avec son propre corps est médiatisée par le médecin ou le guérisseur.

La relation de l’Homme avec son psychisme est médiatisée par les psychanalystes, les psychothérapeutes.

La relation de l’Homme avec la Transcendance est sous-traitée aux savants, aux maîtres à penser, et autres gourous.

Dans son enfance physique, le petit d’homme, n’a guère d’autre choix que de « subir pour avoir ». ( Tableau n°8 )

Plaire, obéir et séduire les parents sont les outils indispensables au nourrisson et à l’enfant poux obtenir d’eux les moyens de survivre. Il a besoin de biens matériels, de tendresse et de quelques informations sur le fonctionnement du monde.

Avec ces « Avoirs », il construit sa personnalité, s’essaye à quelques stratégies personnelles pour mesurer son pouvoir sur son environnement et tenter d’obtenir davantage de richesses concrètes, sensibles ou conceptuelles.

Ses faibles moyens et sa personnalité encore floue lui forgent une représentation du monde où la survie ne peut être garantie que par la soumission à l’autorité.

L’adolescence se caractérise par les premières révoltes contre le père, plus généralement contre toute contrainte et toute autorité. Les avoirs, acquis par soumission, convenablement utilisés pour la construction de la personnalité, deviennent suffisants pour tenter les premières affirmations d’indépendance et découvrir la faculté de lutter contre ce qui est désagréable. C’est l’âge du refus de se soumettre et l’exercice du pouvoir naissant.
Le laxisme du parents, la dévaluation de l’autorité parentale créent du trouble chez les enfants. Il leur manque des partenaires qui leur résistent et qui leur permettent de prendre la mesure de leurs forces et de leurs faiblesses.
Si rien ne résiste à leurs assauts, si rien n’est à conquérir, si tout est donné d’avance, ils ne peuvent pas se préparer à l’adolescence.

En des temps moins troublés, les adolescents, après s’être opposés victorieusement aux parents, s’essayèrent aux jeux plus complexes des différentes conquêtes : guerres, conquêtes territoriales, conquêtes sentimentales, conquête d’une place au soleil.

Il reste peu de parents à affronter, plus d’indigènes à déloger, plus de terres à conquérir pour tester le pouvoir sur le monde. La conquête de diplômes périmés avant d’être délivrés, la conquête de marchés plus ou moins artificiellement fabriqués par des campagnes publicitaires présentent de moins en moins d’intérêt pour les jeunes.

Où peuvent-ils prendre conscience de leurs limites ?
Où peuvent-ils montrer de quoi ils sont capables ?
Quels sont les lieux de victoires possibles ?
Quand ces lieux sont trouvés, quand les défaites et les victoires sont nettes et significatives, l’adolescent est ramené à lui-même. Il prend sa mesure, il apprend à connaître ses manques, ses failles, son talon d’Achille.

L’orgueil de l’adolescence se teinte d’humilité. La conscience des limites fait émerger la conscience des espaces de liberté, des lieux de pouvoir personnel. Un nouveau risque apparaît : ( Tableau n°9 ) l’impulsion saine, initiale, d’utiliser « les Avoirs pour agir » /commence à tourner en rond dans une inversion régressive « D’agir pour avoir ». C’est la multiplication sans fin des mêmes expériences,
Quête de l’accumulation sans autre finalité que la thésaurisation en vue de temps difficiles, et la compensation des frustrations, des troubles psychosomatiques et des pertes de vitalité.

L’idéal bourgeois, surtout de la petite bourgeoisie du tiroir-caisse n’a jamais su dépasser cette inversion régressive : la poursuite obsessionnelle d’accumuler plus de moyens sans jamais se poser la question de la finalité de la vie humaine ; accumuler pour compenser la peur de manquer.

Le monde ouvrier se méfie instinctivement de cet idéal, il rejette l’avoir pour agir pour éviter l’agir pour avoir. De plus en plus, il se laisse séduire sans grande conviction ; ses propres leaders l’y entraînent sans discernement.

La grande bourgeoisie a compris depuis longtemps que le développement intelligent des avoirs peut développer l’envergure des projets d’action. Elle cherche non à accumuler, mais à investir, elle ne cherche pas à consommer, mais à se déployer.

Bien qu’elle reste orientée positivement dans « Avoir pour Agir », acquérant l’argent, la puissance et la gloire, stimulée par le goût du risque de tout perdre, la plupart de ses membres vivent insatisfaits, effrayés à l’Idée de ne pas pouvoir indéfiniment alimenter cette fuite en avant, effrayés à l’idée de l’Infarctus, de la vieillesse et de la mort.
Elle fait envie plus qu’elle n’est enviable. Les enfants issus de la grande bourgeoisie ont été parmi les plus actifs en Mai 68. Eux connaissaient mieux que les autres les limites du système et savaient « qu’avoir plus » ne résolvait pas leur difficulté de vivre.

La décadence de l’Aristocratie au début du règne de Louis XIV, la perte du sens et des fondements de la noblesse, nous privent depuis plus de deux siècles de l’idée même de l’étape suivante : « Agir pour être ». ( Tableau 10 )

L’adolescence, caractérisée par l’apprentissage de la mise en mouvement des acquis pour agir sur l’extérieur, si elle est pleinement vécue, ramène l’individu à lui-même. Ceci enclenche une quête vers une meilleure connaissance de sol, un désir de se rencontrer et la découverte de la possibilité d’agir pour être.

L’action sur l’extérieur est relativisée, elle change de nature et de signification. Elle devient signe, discours et champ d’expérience de la conquête Intérieure, de la maîtrise des sentiments et des concepts.

La finalité d’exprimer et d’expérimenter le pouvoir sur le monde qui guide l’étape de l’adolescence est remplacée par la finalité d’exprimer et d’expérimenter le pouvoir sur soi-même.

La compétition, attitude caractéristique de la phase de conquête extérieure où chacun se compare à l’autre, est remplacée par la recherche de l’évolution où chacun se compare à lui-même dans la durée : explorant le différentiel entre ce qu’il fut, ce qu’il est et ce qu’il souhaite être un jour.
Dans la phase « Agir pour être », il n’y a plus ni réussite, ni échec, mais un lent cheminement vers l’épanouissement et le déploiement des multiples facettes de l’être conquérant sa souveraineté, sa sécurité ontologique et le plaisir de sa propre compagnie que nul abandon, nulle trahison, ne pourra plus perturber.
La qualité des choses, la qualité des relations entretenues avec soi-même et les autres devient primordiale. La grande découverte de cette étape est celle du temps, l’apprentissage de jouer des cycles du temps, de laisser maturer les choses, les événements et les êtres.

Il n’y a plus ni à convaincre, ni à contraindre, il s’agit d’apprendre à se donner des finalités, à se rendre apte intérieurement à les servir et à susciter les moyens nécessaires à les inscrire dans les faits.

Il n’y a plus à se soumettre, ni à s’imposer, il y a à être et à devenir ce que l’on souhaite profondément être.

La relation au père est dépassée, ni soumission, ni révolte, mais la conscience d’une souveraineté identique à celle du père qui se caractérise par le pouvoir d’instituer ses propres lois, ses propres règles sur son territoire : l’espace intérieur. Le père est devenu PAIR.

« Agir pour être accompli, la souveraineté explorée, la singularité assumée, un nouveau bouleversement se prépare. Apte à être pleinement lui-même et adéquat à ses propres projets, l’être s’interroge sur ses critères de choix ; pourquoi tel projet plutôt que tel autre envisageable.

Durant toute la phase de l’exploration intérieure, les projets réalisés lui fournissent les occasions de déceler ses manques et l’incitent à se dépasser. Une fois ses énergies intérieures maîtrisées, Il lui faut trouver un nouveau référentiel, une nouvelle finalité.

Une nouvelle dimension de la vie humaine lui apparaît : son appartenance à l’espèce. Changement de relativité encore plus impressionnant que celui qui s’impose lors du passage de la conquête extérieure à l’aventure intérieure.
La conquête extérieure est une conquête spatiale, la conquête intérieure est la découverte d’un espace d’une autre nature, à observer dans la durée et le devenir. La quatrième étape est un changement temporel, la découverte de la multiplicité des temps. Elle est aussi l’ouverture sur la multiplicité des représentations du réel, leur importance relative et l’aptitude à changer de relativité. ( Tableau n° 11 )

Après avoir exploré, durant la phase de maturité, l’exercice du pouvoir, la maîtrise de son monde intérieur, l’être débouche dans une relativité toute autre où iI se découvre cellule infime mais non insignifiante d’un grand corps qu’est l’humanité à peine adolescente.

Une autre lecture de l’Histoire lui devient accessible, une nouvelle relation à la Transcendance émerge à sa conscience. Il doit explorer une nouvelle relativité du temps. La Grande Année de l’Humanité représente près de 26000 ans de vie individuelle. Deux mille ans d’Histoire à l’échelle humaine ne représentent que trente jours.

Une vie humaine de 72 ans correspond à 24 heures de l’Espèce.

Une vie est comme un jour. Une journée de 72 ans où l’espèce est en vacances ou en activité intense représente poux l’homme l’histoire d’une vie.

La deuxième guerre mondiale avec tous ses drames et ses victimes n’a pas duré deux heures.

Qu’est-ce qui est important dans celle relativité-là ?

Quel est le sens d’un drame personnel, d’une épidémie, d’une grande invention, lorsque la deuxième guerre mondiale n’est qu’un abcès et une petite cicatrice.

L’Humanité, en sa grande majorité, se vit encore en enfance, en quête d’un Père nourricier. Elle recherche souvent un père inaccessible dans le Ciel, et quelques représentants sur la Terre : les grandes organisations internationales, « il papa », les rois et les empereurs, les États-papa, les chefs d’entreprise-patrons et tous les Présidents des grandes et petites associations.

L’Occident, depuis 2000 ans, (moins d’un mois à l’Horloge cosmique), semble avoir une légère avance. Seule une partie des Occidentaux est encore convaincue qu’il faut « Subir pour Avoir ».
En France plus qu’ailleurs encore, la révolte contre le père est amorcée. Un petit retour de quelques heures (1 heure = 3 ans) vers une plus grande demande d’assistanat n’est pas plus significatif que les balbutiements d’indépendance des jeunes adolescents, entrecoupés par des retours au foyer poux se faire dorloter entre deux révoltes.

Quel acte plus symbolique que la mise à mont du Roi ? Le meurtre du père auquel chaque adolescent doit se confronter. Acte suivi de peu, comme par un écho, de la proclamation de la mort de Dieu par Marx et Nietzsche !

La relation des êtres humains avec l’organisation sociale te développe, selon le même processus.

La première étape est de « subir pour avoir » une formation, un salaire, de la considération, un statut, une investiture. Arrivés à un degré d’ « avoir-total » suffisant, les êtres humains peuvent utiliser les acquis pour agir. Ils briguent alors des responsabilités et cherchent à mobiliser des suiveurs qui décuplent leurs énergies poux la réalisation des projets sociaux. Leur réussite est liée à leur pugnacité et à leur charisme.

Le passage du « subir pour avoir social » à l’ « avoir pour agir social » est directement lié au degré d’évolution personnel des acteurs sociaux.

Certains choisissent d’intervenir dans la vie sociale seulement lorsqu’ils sont eux-mêmes dans la phase d’ « agir poux être » ou même dans celle d’ « être poux servir ».

Les premiers sont les créateurs qui, par leurs œuvres, tentent d’exprimer leur monde intérieur (3). Leur réussite est liée à la profondeur de leur rencontre avec eux-mêmes et à l’aptitude à mobiliser les énergies personnelles pour une idée, une intuition qu’ils sont longtemps seuls à porter.

Toujours en avance sur leur époque, leurs œuvres ne sont souvent reconnues qu’à la fin de leur vie ou même après leur mort. Ils sont créateurs d’entreprises, d’institutions ou d’associations, d’objets d’art ou techniques, de systèmes scientifiques, politiques, économiques ou philosophiques.
Au lieu d’organiser et de gérer le déjà-là, ils jettent les bases de l’avenir social des décennies ou des siècles à venir et manifestent l’immanence.

en annexe (3) Les pouvoirs du rêve Thierry Gaudin

Ceux qui interviennent socialement seulement dans leur phase personnelle d’être pour servir restent inconnus de l’histoire événementielle. Ils sont profondément reliés à la Transcendance et œuvrent hors du visible. Ils favorisent le développement du « Verbe », entrent en résonance avec certaines vibrations subtiles.
Ils n’ont pas d’avis sur les évènements, pas de préférence personnelle. Ils vivent dans l’impersonnel et servent l’évolution de l’Espèce qu’ils ont appris à décoder. Ils ne s’intéressent aux destins individuels ou aux destins collectifs que pour y déceler les ferments porteurs d’avenir pour l’Humanité toute entière.
Les organisations sociales elles-mêmes varient selon le degré d’évolution des êtres humains qu’elles sont censées organiser et plus particulièrement selon la proportion de la population répartie dans les différents types de relation précédemment décrites.

L’accroissement considérable, durant les derniers siècles, du nombre de personnes aptes à utiliser leurs acquis sociaux pour agir dans des projets collectifs, semble arrivé à un effet de seuil.
Il rend les anciennes organisations sociales inadaptées et crée une pression sociologique considérable vers la recherche de nouveaux types d’organisation sociale, dans les entreprises, dans les institutions et dans les états.

En fonction de son passé historique, Il parait vraisemblable que la France puisse devenir le lieu de l’élaboration du nouveau prototype organisationnel dont l’humanité se servira pour sa prochaine étape évolutive.

Depuis 1791, la France a proclamé la souveraineté Individuelle après que les États-Unis d’Amérique aient proclamé la souveraineté des peuples en 1776.
La souveraineté individuelle est le fruit de l’étape personnelle d’« agir pour être ». L’Interdépendance entre l’évolution individuelle et l’organisation sociale lie les conditions de l’aventure de l’évolution personnelle vers la souveraineté individuelle à l’évolution de l’organisation sociale vers une organisation favorable à cette souveraineté individuelle.

Une société bloquée, en crise, témoigne de l’inadaptation de l’organisation sociale au degré d’évolution et au déclin d’évolution des personnes. Une attitude résolutoire passe par la transformation des relations entre les individus et les organisations sociales avant d’envisager la transformation des organisations de manière arbitraire.

Pour répondre à cette nécessité, l’humanité devra se doter d’une nouvelle logique. L’outillage conceptuel linéaire et binaire, actuellement disponible n’est pas adapté à cet enjeu. Elle aura besoin d’une autre représentation du réel, articulée sur une logique ternaire et multidimensionnelle.

Celle-ci ne viendra en rien infirmer les observations obtenues par la représentation linéaire et binaire, elle en fera découvrir les limites en ouvrant de nouveaux espaces de liberté à explorer.

 

Une logique ternaire et multidimensionnelle

La logique aristotélicienne s’articule sur l’axiome du tiers exclu. Relayée par la logique cartésienne, elle a permis un essor extraordinaire du savoir explicatif rigoureux qui fonde la pensée scientifique.
Depuis quelques décennies les découvertes scientifiques battent en brèche le mythe de l’homme observateur-objectif.
L’interaction de l’homme-observateur et de l’objet-observé se révèle de plus en plus ( Tableau 7 ).
Il ne s’agit plus seulement de distinguer rigoureusement, mais de distinguer pour unir ce qui nécessite un outil permettant d’explorer les interactions.
Ludwig von Bertalauffy par la Théorie Générale des systèmes a jeté les bases d’un premier outil conceptuel permettant de percevoir à la fois l’ensemble, et les éléments constitutifs de l’ensemble. Cet outil permet de représenter que la somme des éléments est différente de l’ensemble lui-même.

La structure de Conscience différentielle repose sur un postulat permettant de distinguer pour unir. Il peut s’énoncer ainsi :

Il est possible de considérer toute manifestation sous trois aspects différents conçus comme co-existants et interagissants.
Leur coexistence et leur interaction forment un ensemble ternaire, d’ordre plus complexe. Cet ensemble lui-même peut être mis en relation avec deux autres ensembles ternaires de même ordre de complexité, mais de nature différente, de telle manière qu’apparaisse un nouvel ensemble d’un ordre de complexité supérieur.
Cette démarche repose sur une certaine utilisation de la pensée analogique.
Noua pouvons ainsi considérer qu’en tout instant l’être humain dispose, qu’il en soit conscient ou non de trois types d’énergie fondamentales :
– les énergies causales
– les énergies d’émergence
– les énergies d’aspiration.
La dynamique des énergies causales correspond à la représentation de la physique classique – elle sous-tend toutes les représentations mécanistes – Elle obéit à la loi d’entropie et mène de l’ordre vers le désordre et in fine vers la dislocation.
Elle sous-tend tout ce qui obéit aux cycles : ensemencement, naissance, maturité et mort. L’impulsion se situe dans le passé.
Elle se représente en général par des dérivées de la courbe de Gauss de la spirale ou du cercle.

Mais nous pouvons observer que dans le même instant t, d’autres énergies sont en action.

La dynamique des énergies d’émergence correspond à la représentation de la physique quantique et de l’indétermination d’Heisenberg. Analogique à l’énergie électrique, elle ne peut être stockée. C’est ce que l’on nomme généralement l’énergie vitale. L’impulsion se situe dans le présent. Elle n’est pas directionnée. Elle anime les autres énergies. Les énergies causales lui servent de support. Elle se représente par des points.

Le désir de voir crée l’œil, la fonction crée l’organe. Cette notion est encore discutée, mais nous pouvons en tous les cas constater que les êtres humains sont capables de se projetez dans l’avenir et de se fixer à l’Instant t des objectifs pour t + 1 (plus 1 jour, plus 1 an, plus 10 ans, etc.).
Ces projections sont plus ou moins opérantes sut la réalité qui sera manifestée – en t + 1 mais certainement pas nulles – En fait, elles libèrent les énergies d’aspirations qui correspondent en mathématique à l’octave de Cayley et en biologie à la néguentropie.
Elles agissent entre t et t + 1 comme une ancre jetée en avant.
Elles sous-tendent toutes les croyances et la foi. Elles permettent toutes les formes de direction. Elles réorientent les énergies causales en utilisant les énergies d’émergence.

L’introduction des énergies d’aspiration dans le processus énergétique permet de transformer la dynamique causale selon les principes qui sous-tendent l’investissement.
La dynamique de la causalité a elle-même ses causalités, ses émergences, et ses finalités.
La dynamique d’émergence porte en elle-même causalité, émergence et finalité.
La dynamique d’aspiration porte en elle-même aussi causalité, émergence et finalité.

Le point fictif d’interaction de l’ensemble des énergies n’est là que pour symboliser les multiples interactions entre ces différentes énergies.
Si certaines énergies sont plus développées que d’autres, la synthèse reflètera évidemment ce déséquilibre. Ceci permet de reconnaitre qu’aucun être humain ne pourra jamais déclarer «LA VÉRITÉ ». Chaque être humain, à un moment de son histoire personnelle délivrera sa vérité, sa synthèse personnelle du moment tributaire du développement harmonieux de ses énergies.

Le fait que plusieurs ou un grand nombre d’individus arrivent à la même lecture du réel ne plaide en aucun cas pour déclarer leur observation comme VÉRITÉ. Cela reflète au mieux qu’ils ont développé et / ou bloqué leurs énergies de manière identique.

Nous pouvons regrouper dans un grand triangle les énergies de même nature :

Les 3 types de finalité
Les 3 types d’émergence
Les 3 types de causalité

Cette grille de lecture, nous l’avons baptisée en 1976 Structure de Conscience Différentielle (v. Annexe Genèse d’un outil) en vertu du fait que la conscience naît par différence et qu’il s’agit d’une grille de lecture vide (elle n’indique pas ce que l’on va voir en l’utilisant).
Nous l’avons utilisée depuis à de multiples décodages du réel. Tout objet, tout être, toute entité peuvent être observés selon leurs aspects concrets (quantitatifs), sensibles (qualitatifs) et conceptuels (signification).

Elle nous a servi à une représentation ternaire de l’Homme, des institutions et des civilisations. Le mental ou le discours institutionnel, point d’interaction, vaut ce que valent les différentes énergies co-existantes et inter agissantes. Une sensibilité, de perception formée à cette grille permet de localiser les dysfonctionnements et les incohérences des discours et d’adopter une attitude positive et résolutoire.


Consciemment ou inconsciemment, ces différentes énergies et leurs déclinaisons (multiples de 3) sont co-existantes et inter agissantes à chaque instant en chaque être, en chaque Entité mais aussi en chaque objet aussi petit ou grand soit-il. Seule la pensée analogique permet d’en développer le décodage.
Cette représentation, pas plus qu’une autre, ne rend compte du RÉEL ni de toute la RÉALITÉ. Elle permet d’en appréhender de nouveaux aspects.

 

 

Seules les déclinaisons de ces trois énergies causales sont conscientisées. Le mental est un point d’interaction faible, partiel et pauvre. Toutes les autres énergies agissent néanmoins sans que l’enfant en soit conscient.

D’autres aspects de la causalité et leurs antagonismes apparents sont expérimentés et vécus.
La synthèse du mental se transforme.
La détermination, l’éthique, l’intuition symbolique et l’idéal restent inconscients et sont sous-traités aux groupes auxquels l’adolescent appartient.

Les contradictions n’apparaissent pas toujours entre les 2 pôles de la base et certains antagonismes n’apparaissent pas du tout.

En tout état de cause, il y a découverte des multiples antagonismes dont l’être est le lieu, apparition et conscience de la bipolarité intime : extérieur – intérieur, corps – âme, quantitatif – qualitatif, visible – sensible, passé – présent. Les tensions deviennent insupportables.

Si une représentation ternaire n’est pas disponible, il y a occultation volontaire d’un des pôles des antagonismes, fuite dans la schizophrénie ou plus généralement refus d’aborder cette phase d’évolution.

Une représentation ternaire où le 3ème point est la conscience de la relation entre deux pôles antagonistes (l’arc électrique entre le pôle positif et le pôle négatif d’une batterie par ex. ou le projet pour deux parties antagonistes) permet de transformer le conflit en contribution d’importance relative.

Nietzsche a cherché cet « Au-delà du bien et du mal ». Ce troisième point est de l’ordre de l’intemporel, de l’Esprit, de la signification du conceptuel et de l’avenir.

 

Comme pour le tableau 9/9 bis, toutes les contradictions n’apparaissent pas de la même manière.

Mais « Agir pour être » se caractérise par la conscience de la bipolarité, c’est-à-dire qu’au moins un point quelconque des 3 éléments qui constituent le corps et un point quelconque des 3 éléments qui constituent l’âme sont conscientisés ce qui les rend perceptibles comme systèmes antagonistes.
En l’absence d’une vision ternaire, l’être humain passe de l’identification au corps à l’identification à l’âme. Ceci se traduit dans le discours par « J’ai une sensibilité, j’ai une âme » (ce qui indique l’identification au corps) à « J’ai un corps » (ce qui indique une identification à l’âme ayant un corps comme outil d’expression).

 

Dans cette étape, comme, dans les précédentes, aucune des 27 énergies n’a le même stade d’évolution.

Néanmoins l’outillage minimum pour dépasser les contradictions permet une certaine sérénité dans le cheminement et une cohérence dans le discours. C’est ce stade qu’évoque HéracIite lorsqu’il dit « Les hommes éveillés n’ont qu’un monde, mais les hommes endormis ont chacun leur monde. »

La crise de civilisation actuelle où l’Occident détient suffisamment de richesses matérielles pour être entraîné vers des découvertes plus subtiles et l’émergence de désirs autres que quantitatifs, nécessite le passage de l’avant-garde très large des conquérants de «l’avoir pour agir » vers « l’agir pour être ».

Les conquérants ne pourront aborder l’exploration intérieure qu’en se forgeant de nouvelles armes. Les tanks et autres bombes n’y sont guère adaptés.

La vogue du «Here and now », de l’ici-maintenant des dernières décennies n’a pas pu créer un mouvement significatif du corps social parce que dans une vision binaire, elle nécessite l’abandon du passé, de la causalité et de la structuration.

Seule une vision ternaire, articulée par l’intégration du passé, du présent et de l’avenir, permettra à l’Humanité de poursuivre son évolution.

L’extraordinaire floraison des sectes, les voyages vers et avec la drogue sont directement reliés à cette quête désordonnée d’une issue qui vraisemblablement ne se trouve que dans une transformation de nos représentations du réel.

Inventer l’avenir en respectant les émergences du présent et en intégrant les acquis du passé ou vivre pleinement le présent en l’orientant vers un avenir qui s’appuie sur les acquis passés ou poursuivre l’œuvre de nos ancêtres avec le dynamisme actuel décuplé par nos aspirations vers un avenir souhaitable ne sont que trois manières différentes de combiner dans l’instant l’ensemble de nos énergies pour vivre pleinement au-delà des hantises de la survie.

Elisabeth MEICHELBECK