La sophonique

L’esprit circonscrit et oriente les champs d’investigation de la conscience en projetant les structures du temps sur l’in-appréhendable qui relève de l’in-connaissance. Les champs d’investigations sont des unités en mouvement. Le mouvement n’est conscientisable que par rapport à un mouvement plus lent. Celui-ci paraît fixe du point de vue du mouvement le plus rapide.

La Sophonique a pour objet d’élucider les logiques structurelles complexes de ces projections et la nouvelle discipline de l’esprit que ces logiques requièrent pour penser leurs implications dans le connaissable.

Ces projections forment des unités structurelles dont l’ampleur, en étendue et en durée, peut varier à l’infini, sans en altérer les caractéristiques fondamentales.
Ces unités structurent différents champs d’investigation dont les mouvements sont relatifs, interactifs et relativisables, et par là conscientisables. Ces unités structurelles sont des sphères hologramorphiques fragmentables à l’infini. N’importe quel fragment de la structure reproduit les caractéristiques structurelles de l’unité.

Les fragments les plus significatifs, les plus riches en informations, et les plus appropriés à la relativisation des fragments les uns par rapport aux autres, sont ceux obtenus par la fractalisation. Celle-ci reproduit rigoureusement, à tous les niveaux vibratoires, les mêmes relations que celles qui existent entre les caractéristiques structurelles de l’unité.

La relativité du mouvement et du contenu des fragments hologramorphiques s’appuie sur deux couples d’inverseurs : les inverseurs extrêmes et les inverseurs d’équilibre. Il s’agit de quatre positions relatives remarquables, communes à tous les mouvements relatifs.

La relation d’ordre de ces quatre inverseurs est invariable. Ces inverseurs permettent d’orienter et de localiser les fragments les uns par rapport aux autres et par rapport à l’unité.
Le repérage de l’orientation et de la localisation d’un fragment à un moment donné, permet de retracer l’historique des orientations et des localisations antérieures et d’anticiper les orientations et les localisations à venir.

Chaque localisation identifie structurellement l’importance relative du contenu et des mouvements des différents fragments.
Les relations complexes qu’entretiennent différents fragments, en fonction de leur localisations, avec des fragments d’ampleur différente, orientés eux-mêmes par rapport à une référence choisie, obéissent à des logiques différentielles.

Les logiques différentielles sont des logiques fractales et ternaires. Elles distinguent pour relier, en fonction des caractéristiques structurelles du temps. Elles permettent de penser la cohérence entre le contenu, l’ampleur et l’orientation du fragment localisé.

Chaque fragment est un champ vibratoire orienté, en mouvement. Le contenu du champ, l’ampleur de son mouvement et l’orientation du contenu en mouvement, en représentent les trois aspects fondamentaux, coexistant et interagissant.

Ces aspects sont eux-mêmes tridimensionnels.

L’étude du contenu du champ vibratoire permet de déceler d’innombrables contenus, eux-mêmes contenus, orientés et en mouvement, caractérisés par des ampleurs et des orientations variées.
L’étude de l’ampleur du mouvement du champ permet de déceler la singularité du champ vibratoire. L’étendue et la durée particulières du mouvement en font une unité structurelle relativisable par rapport à d’autres unités structurelles, aux contenus, aux ampleurs et aux orientations différents.

L’étude de l’orientation du champ singulier et de ses contenus permet de déceler les relations de celui-ci avec des dynamiques de référence plus ample, elles-mêmes tridimensionnelles. Le champ vibratoire singulier peut être conçu comme un élément localisable dans le champ de référence, son ampleur et son orientation relativisées par rapport à l’ampleur et à l’orientation du champ de référence.

L’orientation du fragment peut, s’aligner plus ou moins, sur l’orientation propre à la dynamique choisie comme référence, générant ainsi plus ou moins d’harmonie ou de tensions.
Les quatre inverseurs primaires de l’unité structurelle sont des points d’orientation privilégiés. A chaque orientation correspond un contenu et une ampleur. La localisation du contenu et de l’ampleur relève de la ternarisation d’un rythme. Cantor a entrevu cette ternarisation et l’a appliquée à la droite. Elle fut requise par Mandelbrot pour éliminer les bruits dans les relations entre ordinateurs. Appliquées à un rythme, ces localisations font apparaître huit autres inverseurs, qui, avec les quatre inverseurs primaires, forment l’ensemble des douze inverseurs significatifs de tout processus évolutif.

Un processus évolutif peut être appréhendé en s’intéressant seulement à la possibilité de distinguer deux fois deux demi-cycles différents (en utilisant soit les inverseurs extrêmes, soit les inverseurs d’équilibre). L’étude peut aussi privilégier les quatre phases créées par la projection des quatre inverseurs primaires. Le processus peut également être appréhendé par quatre ternarisations différentes du processus complet, chacune prenant comme origine l’un des quatre inverseurs primaires. Il peut enfin être approché par la successivité des douze étapes situées entre les douze inverseurs, et délimitées par eux. Chaque approche du processus livre des informations significatives différentes, plus ou moins détaillées.

Entre deux inverseurs quelconques, qu’il s’agisse d’une période, d’une demi-période, d’une phase, d’une étape ou de n’importe quelle fragmentation de la structure, apparaît une unité structurelle, elle-même fractalisable à l’infini.

Les fractalisations des unités, qui respectent les logiques structurelles (divisions par 2, 3, 4 et leurs multiples) créent des fragments plus riches en informations que les décimalisations habituelles. La décimalisation ne permet de distinguer que les unités produites par la binarisation et néglige toutes celles produites par la ternarisation, indispensable à l’élucidation des relations structurelles entre les unités. Un jeu de l’esprit.

Élucider les modes opératoires de la conscience, du pouvoir et de la liberté, appropriés à la quête de l’opportun, ouvre un nouveau champ d’exploration conceptuelle. L’aventure de la conscience humaine était considérée, par la Grèce ancienne, comme le produit de trois approches différentes des activités de la vie humaine :

  • une approche objective, concrète : TECKNE
  • une approche subjective, sensible : POIESIS
  • une approche cohérente, conceptuelle : SOPHON

A l’instar de la ‘Technique » qui nomme l’approche TECKNE, la « Sophonique » nomme l’approche SOPHON.

L’enjeu de la Sophonique est de réunir tous les éléments qui permettent une approche conceptuelle, cohérente, des activités humaines ainsi que l’élucidation de leur contribution à l’aventure de la conscience. La Sophonique, comme la technique, approche la vie par la pratique et se valide par l’opérativité qu’elle confère à ceux qui l’utilisent.

La Technique est validée si elle répond concrètement à un cahier des charges précis dont les éléments sont prédéfinis :

  • comment construire une maison ayant les caractéristiques techniques souhaitées,
  • comment réaliser une voiture ou un avion respectant les normes imposées,
  • comment poser un homme sur la lune et le ramener vivant sur terre.

La Sophonique est validée si elle répond conceptuellement de manière cohérente et résolutoire à des questions abstraites :

  • comment concevoir des entités dynamiques qui restent au service des finalités qui les suscitent : associations, entreprises, institutions, états…
  • comment concevoir des politiques de développement cohérentes, de manière à ce qu’elles génèrent les croissances souhaitées : politiques d’éducation nationale, d’aides aux pays en voie de développement, mise en cohérence des différentes politiques nationales,
  • comment concevoir des actions cohérentes pour résoudre certaines questions cruciales : réduction des inégalités interindividuelles et internationales, réduction des réflexes racistes et xénophobes, réduction du marché de la drogue, généralisation de la pratique de la liberté et de la démocratie, etc…
  • comment assurer la cohérence dynamique et synergique de multiples intérêts et de multiples finalités qui paraissent contradictoires.

Contrairement à la science et à la philosophie en quête de ce qui échappe au temps, la technique et la Sophonique sont profondément liées au temps, au pouvoir de créer et de réaliser dans le temps. La technique et la Sophonique sont des outils de réalisation dans le transitoire, elles ne cherchent pas à établir l’Être ou la Vérité, immuables, elles cherchent à déceler l’opportun résolutoire, approprié à une situation et à un moment donné.

La technique ne se contente pas des observations, elle combine différents savoirs avec le fruit de ses expériences antérieures pour arriver aux résultats souhaités dans le futur, fusse par approximations successives, et même, en l’absence d’explications pertinentes.

La Sophonique ne peut se contenter de produire des prises de conscience, elle combine différentes approches pour contribuer à donner une réalité vécue et concrète aux conscientisations. Elle prend en compte le différentiel entre l’état d’évolution actuel et l’état d’évolution futur souhaité. Elle recherche l’efficacité.

Les hommes poursuivent des intérêts divergents mais l’histoire témoigne d’innombrables situations de collaborations actives pour atteindre des résultats précis. La Sophonique tente d’élucider les modes opératoires à l’œuvre dans les situations constructives.

La Sophonique cherche à penser les processus évolutifs qui sous-tendent les réalisations de manière à conduire et à diriger celles-ci de façon plus consciente et plus efficace. Cette évolution s’inscrit dans le temps. Les unités de temps sont des contenants de mouvement. Utilisés par l’esprit pour générer de l’ordre, elles lui permettent de distinguer, de différencier, de délimiter, de situer les uns par rapport aux autres, les contenus étudiés par la Science.

L’étude des caractéristiques structurelles des unités de temps permet de déceler les règles du jeu de l’esprit.

La Sophonique s’intéresse également aux particularités des trois principales dimensions du temps : le futur, le passé et le présent. En situant ces dimensions par rapport aux caractéristiques structurelles, elle permet une mise en perspective des actions et des évènements.

La Sophonique peut apparaître comme un dispositif conceptuel lourd à manier et à mettre en place, dans un monde surexcité où les décisions sont prises de manière intempestive et souvent sans grande réflexion, à la seule vue des dossiers financiers et techniques. Pour réfléchir efficacement, il faut disposer de temps et d’outils appropriés à penser le sujet en question. Lorsque les événements entrent dans la visibilité sous une forme concrète, il est effectivement trop tard pour simuler différentes alternatives cohérentes possibles et pour prendre le temps de choisir soigneusement celle qui présente les meilleures chances de succès par rapport au contexte et aux efforts consentis. Il est encore moins possible de différer les décisions et de consacrer le temps nécessaire pour entreprendre toutes les procédures de négociation en vue d’obtenir les accords des collaborateurs et des partenaires.

Voir Quelques repères sophoniques pour une médecine de la conscience.