L’aspiration à la liberté

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer LIBERTÉ
Paul ELUARD
Poésie et Vérité – Liberté

Le 15ème siècle est caractérisé par un véritable retournement de l’attention humaine (1). Après plus d’un millénaire « d’écoute » de la parole, en provenance du royaume des cieux, la quête de la connaissance s’impose progressivement. Le désir de VOIR remplace peu à peu celui d’entendre et s’oriente, de manière privilégiée, vers la connaissance de l’Homme et de la Nature.

De siècle en siècle, ce regard s’est affiné, se forgeant les outils indispensables à son développement :

– Outils concrets :
Les instruments d’observation et de mesure comme la lunette astronomique, le radiotélescope, le microscope, l’accélérateur d’ions lourds ou le synchrocyclotron….
En affinant la perception de l’environnement ces instruments ont permis à l’Homme de se rendre « comme maître et possesseur de la nature », seule ambition que l’humanité a retenue de Descartes.

– Outils sensibles :
Les voies initiatiques et les techniques de développement personnel et de créativité, plus ou moins dérivées des recherches en psychologie, comme les Tarots, la morphopsychologie, la graphologie, l’analyse transactionnelle, la programmation neurolinguistique (2).
Ces techniques restent insuffisantes si l’homme ambitionne de « se rendre maître et possesseur de lui-même ». Elles devraient se diversifier et se développer au cours du siècle à venir.

– Outils conceptuels :
Les prouesses techniques, réalisées par l’homme depuis la Renaissance, se sont appuyées sur un seul outil conceptuel, relativement rudimentaire, devenu objet de dévotion : la logique cartésienne, linéaire et binaire, qui a réintégré le principe aristotélicien du tiers- exclu.

Depuis le début du 20ème siècle l’insuffisance de l’outil conceptuel disponible se fait sentir progressivement.

Cette insuffisance se révèle dans les difficultés sur lesquelles achoppent la physique quantique, la prospective, la géopolitique, la gestion des ressources humaines, – dans l’entreprise, par les nations et sur la planète toute entière – ainsi que toutes les tentatives d’interdisciplinarité et de transdisciplinarité.

De façon plus concrète, résoudre les problèmes posés par les exclusions telles que le racisme, la xénophobie, les délinquances, les échecs scolaires, les suicides, le chômage… ne relève pas de bons sentiments, mais bien d’outils conceptuels permettant de penser le tiers-inclus au lieu du tiers-exclu, le multidimensionnel au lieu du linéaire, l’approche globale au lieu de l’approche séquentielle, le ternaire interactif et fractal au lieu du binaire, même prolongé par la dialectique.

Les approches de la systémique (3), de la sémantique générale (4), des trois matières (5), des sciences cognitives naissantes (6), ont permis de débloquer les recherches dans quelques disciplines comme l’astronautique, la biologie, la géodynamique, la sociologie et le management. Elles n’ont pas encore permis de restructurer le regard sur le monde et sur l’Homme, et ne peuvent pas être considérés comme des outils conceptuels.

Il est vraisemblable que le siècle à venir verra apparaître de nouveaux outils conceptuels permettant de VOIR et de PENSER les logiques structurelles du vivante et leurs multiples dynamiques enchevêtrées. Ces outils seront relativisés à leurs domaines de pertinence et entraîneront la relativisation de la logique cartésienne à ses propres domaines de pertinence.

Le retournement de l’attention, orienté vers l’Homme, a débouché sur la responsabilité individuelle par la Réforme, le cogito cartésien, l’esprit des Lumières, la déclaration des droits de l’Homme, la mise en place de structures démocratiques, l’apparition de la psychologie et de la psychanalyse… autant de pas accomplis vers « l’homme fécondé par l’esprit » que Nietzsche a maladroitement nomme Surhomme.

Car le Surhomme, c’est bien l’Homme, à l’égal des dieux, que nous voyons se dessiner progressivement sous nos yeux, incarnant petit à petit les rêves les plus fous de l’humanité.

Homme libre, souverain, créateur, individué, en évolution permanente, apte à quérir ce qui est approprié à son évolution personnelle singulière, Homme inventant à chaque instant les attitudes adéquates à la poursuite de ses réalisations personnelles ; réalisations qu’il ne peut valider que dans la mesure où elles contribuent à l’évolution de la conscience, consciente d’elle-même, en lui-même, et dans l’espèce tout entière ; un Homme qui saura « desceller » son propre génie et reconnaître que celui-ci fait partie intégrante du potentiel de chacun.

La science, en luttant contre l’obscurantisme de la foi, réputée aveugle, a développé des outils concrets pour VOIR. La science a ainsi permis de déloger le « croire » des implications avec le sacré, mais elle n’a pas encore réussi à le déloger des implications idéologiques.

La montée en puissance de l’esprit scientifique a en effet engendré de nouvelles croyances, suites logiques de l’idolâtrie de la nature du 18ème siècle.

Ces croyances se sont focalisées sur trois points essentiels :

  • Les hommes et les institutions aspireraient naturellement, en priorité, à la survie physique et une longévité maximum.
  • Les hommes et les institutions aspireraient spontanément à l’accroissement illimité de leurs ressources matérielles.
  • Les hommes et les institutions aspireraient à étendre leur pouvoir sur le plus grand nombre possible d’individus et de moyens.

De simples contre-exemples devraient suffire à mettre en doute leur validité.

L’exercice du pouvoir sur autrui augmente en général les tensions et ne favorise donc pas la longévité. De même, disposer d’un maximum de pouvoir ou de ressources, conduit souvent à des drames, comme en témoignent les fins de vie tragiques de beaucoup de stars, les déséquilibres psychiques de bien des génies.

Or ceci a des conséquences capitales.

Ces croyances orientent toutes les recherches prospectives. Si ces croyances ne sont que des discours idéologiques, elles orientent tout le système sur des voies de garage. Si nous parvenons à clarifier les finalités effectives à l’œuvre, la voie vers une prospective plus affermie pourrait s’ouvrir.

Le désir de VOIR fait partie d’un ensemble d’aspirations dont nous avons cherché à élucider la cohérence interne (v. annexe).

Ces aspirations ne semblent dues à aucun agent extérieur à l’humanité elle-même. Elles représentent un moment de l’aventure de la conscience humaine.

Au regard du système d’aspirations qui monte en puissance depuis la Renaissance, la liberté est l’expression d’un des trois aspects de l’aventure de la conscience.

La conscience se développe par intégration des perceptions issues de trois types de différenciations :

  • la différenciation des multiples facettes du même, du semblable, du connu, du déjà-là, appréhendable par une démarche concrète, scientifique,
  • la différenciation des multiples formes relationnelles possibles avec l’altérité, l’étranger, l’inconnu, l’insaisissable, appréhendable par l’implication.

L’implication est une prise de risque qu’il s’agit d’apprendre à gérer avec des outils sensibles, qui, pour la plupart, restent à élaborer. Elle s’articule sur l’aspiration à une relation basée sur le respect mutuel, sans complaisance, au-delà de toute notion de sujétion ou de domination, et s’exprime par la tolérance, le partage, l’alliance, la souveraineté-association, et toutes les formes de contrats et de conventions.

  • la différenciation des innombrables productions des conditionnements spatio-temporels des esprits, qu’il s’agit d’apprendre à relativiser par rapport aux fondements intemporels, dont elles ne sont que des expressions partielles.

Les fondements intemporels ne sont accessibles que par l’exercice du penser qui conjugue une démarche concrète rigoureuse et une approche globale, sensible, implicante, respectueuse de l’intuition. Ce penser est générateur de liberté ; il relie le singulier à l’universel et ouvre l’esprit à la perception des systèmes de contraintes appropriés à toute création et à toute métamorphose.

Ce système actuellement en maturation n’est pas seulement constitué des aspirations aux trois aspects de la différenciation qui, par leurs interactions, sous-tendent l’aventure de la conscience. Il comprend également trois autres aspirations : l’aspiration à la création, l’aspiration à la souveraineté individuelle et l’aspiration à la maîtrise des métamorphoses, indispensables à l’exercice de la liberté.

Ces six aspirations forment un système cohérent, aux interactions fortes (v. annexe), où tout progrès vers la réalisation de l’une quelconque des six aspirations est à la fois favorisé par les autres et les « nourrit en retour » (feed-back). (3)

Depuis la Renaissance, l’Homme a multiplié les créations en « réalisant des choses qui n’existaient pas auparavant’ (8). Par là, il a transformé le contexte dans lequel il évolue.
Créations artistiques, créations techniques, créations d’entités (institutions régionales, nationales et internationales, entreprises, associations…) peuplent l’univers de l’homme d’aujourd’hui et façonnent les modes de vie.

La création est intimement liée à la liberté, et à l’accroissement des richesses disponibles. Elle a permis à l’homme d’échapper à la nécessité de prédater pour survivre ; en se développant, elle lui permettra de dépasser l’idée d’une richesse finie, une idée qui est la source de bien des conflits, relatifs aux partages.

Durant les prochaines décennies devraient apparaître de nouvelles théories de la valeur, de nouvelles approches de la création de richesses et de la finance, de nouvelles théories économiques.

Une réflexion sur l’art de la création (9), la mise en lumière de ses mécanismes complexes, conjuguant richesses concrètes et matérielles, richesses sensibles et relationnelles, richesses conceptuelles et spirituelles, permettront d’aborder de manière résolutoire les problèmes de la faim dans le monde.

La création obéit aux logiques du vivant (7) qui se déploient dans le temps. Ses mécanismes sont des dynamiques liées aux fondements du temps et à l’effet néguentropique, structurant, des aspirations humaines, sur l’énergie vitale, omniprésente.

L’élucidation des mécanismes de la création ne pourra que faire apparaître l’importance du décideur, garant de la cohérence de sa création. Le créateur est nécessairement maître de ses décisions. Le décideur exprime de manière singulière le pouvoir créateur. Il génère et combine librement les différenciations concrètes, relationnelles et conceptuelles qu’il estime adéquates à la poursuite de ses projets.

Le décideur se doit d’être conscient de ses faiblesses et souverain de son monde intérieur. C’est au fur et à mesure de la mobilisation de son potentiel créateur qu’il découvre son monde intérieur. La poursuite de projets le confronte à ses propres manques. Les difficultés à surmonter pour réussir l’inscription de l’esprit dans la matière, telle qu’il la souhaite, en sont les révélateurs.

Cette prise de conscience des manques, et la mise en œuvre des moyens pour les dépasser, transforment progressivement la poursuite de projets particuliers en exercices, permettant au créateur-décideur-souverain d’accéder à la maîtrise des métamorphoses et, notamment, à la maîtrise de sa propre évolution.

L’aspiration à la maîtrise des métamorphoses joue du pouvoir du verbe, du pouvoir de faire apparaître les données dans de nouvelles relativités, de faire apparaître de nouveaux terrains et de déplacer les enjeux. La représentation que l’homme se fait de la vie et notamment du sens de l’existence terrestre peut être transformée par l’exercice de ce pouvoir. La psychanalyse souligne l’importance de l’acte de nommer.

Le pouvoir du verbe joue de la mobilisation et de la maîtrise du pouvoir d’influence, des énergies psychiques, de l’inversion des valeurs et de leur relativisation, de la présence-absence en fonction des obstacles rencontrés.

La maîtrise des dynamiques évolutives transformera les systèmes de références et de légitimation, de valorisation et de rétribution, avant la fin du siècle prochain.

L’aspiration à la maîtrise des métamorphoses peut s’exprimer par le terrorisme et la subversion, mais, plus positivement, elle s’exprime aussi par l’intérêt pour l’évolution de la Nature, des individus, des organisations, des institutions et par l’intérêt croissant pour la communication, au sens de muer ensemble, dans des relations interactives transformatrices.

La montée en puissance de cette aspiration s’accompagne de crainte, parce qu’elle remet en cause l’approche strictement scientifique qui ne se réfère qu’au visible et au reproductible. C’est par exemple, cette crainte qui alimente les fantasmes sur les pouvoirs réels d’organisations du type CIA, KGB, Loge P2, mafia, sectes sataniques. Malheureusement cela renforce les tabous dont sont frappées toutes les tentatives d’évoquer la logique du pouvoir – qu’il s’agisse du pouvoir sur les autres ou sur soi-même -.

Pourtant, l’aspiration à la maîtrise des métamorphoses amènera l’homme à déceler en lui-même un potentiel illimité et le pouvoir de l’actualiser.

En réintégrant ainsi progressivement en lui la « divinité », l’homme se réappropriera la responsabilité pleine et entière de sa propre vie, ce qui lui conférera une liberté consubstantielle à sa vie et non plus, seulement, une liberté consentie. La reconnaissance de la « consubstantialité » de la liberté et de l’existence humaine implique un respect rigoureux de l’altérité et de la responsabilité personnelle, individuelle.

La maîtrise des métamorphoses fait apparaître que le seul véritable pouvoir est le pouvoir sur soi-même et que, le désir d’exercer du pouvoir sur autrui est l’expression d’un déficit personnel.

La perception des implications de ce pouvoir, et l’entraînement à son exercice, seront une des grandes questions qui domineront le siècle à venir. Sa mise en évidence réorientera les recherches et fournira un système de références au développement des outils concrets, sensibles et conceptuels, y compris à l’intérieur du système technique. Celui-ci sera soumis à une évaluation en fonction de ses contributions à l’évolution de la conscience humaine et à l’évolution de la liberté.

Au déploiement de ce pouvoir est associée l’accession à la souveraineté individuelle. Celle-ci exige la liberté de choisir ses lieux d’investissements et la liberté de se forger et de respecter une échelle de valeurs, cohérente avec les finalités poursuivies.

Il ne s’agira plus d’adhérer à des valeurs communes, mais de soumettre les fins poursuivies ainsi que les moyens utilisés aux critères d’évaluation de la contribution à l’évolution de la conscience et de la liberté de l’espèce humaine toute entière.

La montée en puissance de l’aspiration à la liberté entraîne, dans sa logique interne, la fin des appartenances, de type religieux ou laïques, y compris le sentiment d’appartenance à une famille. Or, ce sont les appartenances diverses qui programmaient jusqu’ici les esprits.

L’appartenance, en échange d’une protection, sous-entend toujours le sacrifice d’une parcelle de liberté d’être, de penser et d’agir, et par là, ouvre la voie à toutes les fuites devant les responsabilités personnelles.

Le nouveau système amènera l’être humain à la conscience de son pouvoir sur ses programmes mentaux (2), lui permettant de les élaborer lui-même et de développer une pluralité de grilles de lecture, validées par lui-même, pour optimiser ses performances dans la poursuite de ses finalités ou des modes de vie souhaités.

Dans les 90 ans à venir le débat s’enrichira de données de plus en plus subjectives. Il s’établira sur un plan de plus en plus conceptuel. L’idée de reprogrammation et d’auto-reprogrammation (2) des esprits, comme on reprogramme des mémoires informatiques, n’est pas à écarter. Les êtres humains cesseront ainsi d’être tributaires des seules représentations imprimées par leur culture d’origine et leurs appartenances successives. L’auto-reprogrammation sera considérée comme un attribut de la souveraineté individuelle.

Cela débouchera immanquablement sur d’autres exigences et d’autres critères de validation pour évaluer les institutions. Cela développera une efficacité redoutable par rapport aux performances actuelles, et déplacera les enjeux. En maîtrisant les processus de création de richesses, les querelles fondées sur la répartition des richesses accumulatives s’évanouiront peu à peu.

Les conflits et, d’une façon générale, les chocs frontaux en batailles rangées, avec des victimes sacrifiées, ne sont guère compatibles avec le nouveau système, plus orienté vers des démarches diplomatiques, des négociations machiavéliques, par déplacement des terrains et des enjeux.

En deux ou trois générations, l’accession au pouvoir créateur des individus se produira dans des zones interstitielles, là, où la conscience des limites des anciennes représentations est la plus forte. Ceci se fera de façon totalement différente des processus classiques d’apprentissages, vus en termes d’accumulation de savoirs et de moyens.

Toute attitude attentiste, caricaturée par la démarche de l’ignorant qui attend qu’on lui déverse un savoir, ou celle du pauvre qui fait la manche, sera perçue comme sclérosante, entraînant un décrochage de l’évolution générale.

Le nouveau système implique le renversement de la charge de l’initiative.

L’éducation visera à rendre chaque être apte à quérir les informations et les moyens nécessaires à la réalisation de ses projets personnels, et à la liberté de penser.

L’émergence progressive de toutes ces aspirations dans l’esprit d’un plus grand nombre, va déplacer les enjeux de la planète. Chaque culture exprime ces aspirations de manière originale. Nous nous sommes attachés à les repérer dans des expressions occidentales.

La plupart des penseurs occidentaux, auxquels nous nous référerons dans la deuxième partie de ce texte, ont eu accès à des bribes de ces enjeux fantastiques, et ont tenté, avec leurs limites personnelles et historiques, de formuler ce qu’ils en ont perçu.

L’occident a façonné la planète, sans retenue, parfois en la mettant à feu et à sang, trop confiant dans les dévoilements fragmentaires non relativisés, souvent en se donnant bonne conscience et en s’appuyant sur l’aspiration « d’aller enseigner toutes les nations (10), qui n’est plus de saison.

Le 21ème siècle devrait infliger un démenti aux conceptions néo colonisatrices, expansionnistes, du 20ème siècle. En effet, du point de vue du nouveau système, chaque culture, chaque être, possède, en lui-même, les fondements nécessaires à sa régénération, à condition de le reconnaître.

Dès la fin du 20ème siècle, l’humanité va se confronter au renversement des allants-de-soi idéologiques et à la nécessaire élaboration des moyens sensibles et conceptuels, indispensables à l’émergence de l’Homme libre et souverain.

LE DÉPLOIEMENT DU NOUVEAU SYSTÈME D’ASPIRATIONS
1993 – 2083 : LES DERNIÈRES ÉTAPES DE MATURATION

Les trois ans qui suivent la publication de ce rapport seront dominés par la prise de conscience des limites du productivisme, de la survalorisation thérapeutique, de la massification et d’une manière générale du matérialisme, et de la recherche obsessionnelle de résultats à court terme.

1993 – 2008 :
EN QUÊTE DE LA COÏNCIDENCE DES CONTRADICTOIRES

A partir de 1993 et durant une quinzaine d’années, les interrogations et les aspirations se déplaceront sur le terrain du droit, du partage, de la justice, de l’égalité et de toute forme de relation à l’altérité. Cette période verra émerger des aspirations analogues à celles qui étaient à l’œuvre durant les périodes 1453-1468, 1633 -1648, 1813-1828.

Nous retenons de la période 1453-1468 le « Dialogue sur le libre-arbitre » de Lorenzo Valla et l’illumination de Nicolas de Cues. Cette illumination l’amena à considérer que tout l’effort de l’esprit humain devait être mobilisé pour « s’élever à cette simplicité où coïncident les contradictoires » (1).
La recherche d’une logique du vivant, ternaire et processuelle qui joue du tiers inclus, devrait apparaître après 1993 et trouver de multiples applications résolutoires aux difficiles problèmes du racisme, de la xénophobie, de l’exclusion en général.

C’est dans la période 1633-1648 que Descartes a publié l’essentiel de son œuvre. La focalisation actuelle sur les moyens et les techniques n’a retenu que sa Méthode et a conduit ainsi à une profonde dénaturation de l’importance de la contribution de Descartes (11).

Descartes propose d’abord une rupture avec les penseurs précédents et prône l’inspection intérieure où l’esprit reste seul à seul avec lui-même (1). Il propose de concevoir, au lieu de s’en remettre à ce que peuvent nous donner à voir les sens, ou à ce que notre imaginaire peut produire. Par là, il place directement le penser comme un verbe, une action sur le plan conceptuel, indispensable à une approche ternaire. Du point de vue des aspirations, le génie de Descartes s’exprime surtout par l’intuition, et vraisemblablement par le vécu, du plan conceptuel.

Les esprits n’étaient sans doute pas mûrs pour recevoir une telle proposition, ce qui ne devrait plus être le cas durant la période 1993-2008. Une partie essentielle de l’œuvre de Descartes jusqu’ici négligée, voire contestée, sera redécouverte (11). L’idée même du doute cartésien prendra toute sa dimension. Nous nous contenterons de remarquer que l’expression du doute chez Descartes se situe dans le prolongement de la vision de Nicolas de Cues.

La recherche de la coïncidence des contradictoires a traversé la vie de Hegel, en quête permanente d’un troisième pôle, conceptuel. N’accouchant malheureusement que de la notion de synthèse, Hegel nous a laissé quand même sa logique processuelle (12), pièce maîtresse, indispensable, pour penser le vivant. On peut raisonnablement estimer que la phase 1993-2008 complétera cette quête fondamentale.

Ce sont les Principes de la philosophie du Droit, publiés en 1821, qui témoignent de la résonnance particulièrement forte de Hegel aux aspirations à l’œuvre au cours de cette période, ce qui ne préjuge pas de la valeur de ses conclusions. La résonnance aux aspirations de l’espèce ne libère pas les individus de leurs enganguements et des adhérences contextuelles.

Quand Feuerbach écrit que « le Dieu dont parle Hegel n’est autre que l’homme lui-même » (1), Feuerbach rend un hommage extraordinaire à Hegel, que celui-ci n’aurait pas forcément été capable d’assumer, comme en témoigne son affirmation : « Je suis luthérien et je veux le rester » (1).

Du point de vue des aspirations, les systèmes explicatifs n’ont aucun intérêt, seuls comptent les instants où l’esprit échappe aux conditionnements et s’extasie dans une vision des enjeux (13). Ces instants conditionnent ensuite des années de labeur pour tenter d’en rendre compte. Mais les produits de ce labeur ne sont pas exempts des traces laissées par les structures psychiques et mentales, conditionnées, du penseur, qui garantissent sa cohérence, et lui permettent de rester en communication avec ses congénères.

Ces moments sublimes du VOIR s’expriment chez les philosophes par le souffle de l’esprit, décelable derrière les constructions mentales, plus acceptables par l’environnement, mais où, malheureusement, l’esprit est souvent dénaturé.

Entre 1813 et 1828 paraît également la grande œuvre de Schopenhauer :  » Le Monde comme volonté et représentation » (1818). Là encore, ce ne sont pas les thèses de Schopenhauer qui sont importantes, mais sa tentative d’introduire l’éprouvé dans le penser, de distinguer les reflets de la source, et de rendre conscientisable un au- delà du vouloir-vivre, de type égotique, et des représentations dont celui-ci se sert.

Entre 1993 et 2008, les grandes idées forces qui ont sous- tendu les quêtes de Nicolas de Cues, de Descartes, de Hegel, de Schopenhauer, de Gœthe à la fin de sa vie, seront à nouveau activées et susciteront de nouvelles tentatives d’y répondre dans le contexte du moment.

Durant la même période, la technologie développera intensément tout ce qui touche à l’exploration spatiale et tout ce qui est lié à la transmission par l’air. De nouveaux champs d’application des connaissances des phénomènes ondulatoires et des hologrammes (14) seront découverts.

Un renouveau de l’art, essentiellement de la musique, et dans une moindre mesure des arts picturaux, devrait intervenir.

La relation au concept de travail, dont le sens étymologique dérive du tripalium, instrument de torture de l’inquisition, se modifiera profondément. Dernier élément non relativisé du triptyque Travail, Famille, Patrie, il subira une perte de prestige au profit du concept d’activité contractuelle.

De nouvelles alliances seront explorées, la question du partage sera omniprésente, jusqu’à l’exploration des limites du rêve égalitaire, à partir de 2003. Les querelles et les conflits seront largement explorés sur le plan diplomatique et sur le plan juridique. La valeur évolutive, jusqu’ici attribuée aux conflits, sera remise en question. Les conflits sont générés par l’affrontement de systèmes de valeurs différents. La relativisation des éthiques aux finalités poursuivies devrait devenir un thème majeur.

La tolérance sera mise à l’épreuve, non seulement par les intégrismes et les extrémismes, mais par la nécessaire confrontation quotidienne avec l’altérité extérieure et intérieure.

Aux deux-tiers de la période 1993-2008, c’est-à-dire à partir de 2003, apparaîtront les limites du droit, de l’égalitarisme, de la recherche de justice, de la tolérance. Dans le meilleur des cas, l’humanité, ou au moins une fraction de l’humanité, en déduira la nécessaire prise en compte de la subjectivité, ce qui amorcera la relativisation, entre autres, de l’hégémonie de l’esprit scientifique sur l’ensemble des disciplines de la connaissance.

Cette période devrait générer de nouvelles approches du droit, notamment de la partie du droit qui régit les contrats interpersonnels. Le droit d’association et celui d’instituer des « personnes morales » entraînera le droit de ces « personnes morales » « à disposer d’elles-mêmes », en relativisant celui des fondateurs et des actionnaires, à partir d’une certaine arrivée à maturité de ce que l’on nomme encore aujourd’hui, des sociétés industrielles, commerciales ou de service.

La notion actuelle de justice évoluera vers les concepts de justesse, d’adéquation et d’opportunité. Ceci ne sera possible que dans les cultures aptes à relativiser toutes les prétentions absolutistes en termes de bien ou de vrai, et devrait susciter ailleurs, de vives protestations conservatrices de la part de la communauté scientifique comme de la part des communautés religieuses.

Pour que cela puisse se réaliser, il faudrait que les expériences, vécues durant ces 15 ans, amènent un nombre significatif d’individus à penser par eux-mêmes, en-dehors des systèmes de références, scientifiques, idéologiques ou religieux.

Le rêve égalitaire, issu de la révolution française, sera lui aussi relativisé, et ramené au strict sens d’égalité devant la loi. Cette égalité devant la loi pourrait être largement affermie, en contrepartie de la perte du rêve d’égalité de moyens. Il n’est pas certain que les pauvres en soient lésés. En gagnant en dignité ce qu’ils perdent en assistance, ils pourront rompre avec une représentation fataliste d’une nécessaire soumission, et oser s’engager dans la prise d’initiatives.

Les conditions les plus favorables à cette montée de l’initiative des plus démunis est la conscientisation de la logique interne du partage et des échanges, qui n’a rien à voir avec l’idéologie des droits acquis. Les droits acquis pourraient être remis en cause, essentiellement à partir de 2008.

2008 – 2023 :
LE TEMPS DES MÉTAMORPHOSES

La période 2008-2023 sera fondamentalement une période de mutation, plus souvent par un travail de sape, que par des initiatives spectaculaires, un véritable tournant de l’histoire, plus par la transformation des mentalités, que par des faits précis.

La montée des insatisfactions, des angoisses sourdes, la remise en cause de tous les pouvoirs, des théories de l’absurde comme l’absence de sens deviendront difficiles à supporter. En même temps, la prise de conscience du pouvoir potentiel de chaque individu, et le développement des pouvoirs psychiques s’intensifieront.

Cette période comporte des analogies avec les périodes 1468- 1483, 1648-1663, 1828-1843.

La période 1468-1483 se caractérise par l’intérêt pour l’hermétisme, la magie, l’astrologie et la Kabbale, et un retour aux traditions orphiques et zoroastriennes, en quête d’une issue au système aristotélicien.

C’est cette ambiance trouble et féconde qui façonne l’esprit de Léonard de Vinci né en 1452, de J. Reuchlin né en 1455, de Pic de la Mirandole né en 1463, de Machiavel et d’Erasme nés en 1469, au cours de leur enfance et de leur adolescence.

Dans la période 1648-1663, nous retiendrons Pascal, qui en 1654, vit une nuit d’extase (1) qui bouleverse sa vie. Il renoue avec les interrogations existentielles fondamentales : D’où viens-je ? Où suis-je ? Où vais-je ? et propose le pari. Il critique Descartes sur un point qui devrait resurgir entre 2008 et 2023 : « l’absence dans la Méthode de la prise en compte de toute la dimension de la subjectivité vécue« . Seule une logique tridimensionnelle au tiers inclus pourrait satisfaire, à la fois, les exigences de Descartes et celles de Pascal. Si Pascal paria sur
l’existence de Dieu, le vingt et unième siècle reprendra sans doute sa logique du pari pour… parier sur l’existence d’un potentiel créateur en l’Homme.

Dans cette même période trouble (1), Hobbes, en Angleterre, publie « De la nature humaine » et surtout le « Léviathan » (1651) où il considère l’homme comme un loup pour l’homme, ce à quoi Spinoza a répondu dans son « Traité politique », que l’homme est un dieu et non un loup.

Ce débat devrait être réactivé dans la phase 2008-2023 au fur et à mesure que se développeront les pouvoirs psychiques, et les nouveaux désordres que leur utilisation ne manquera pas de générer.

Durant la période 1828-1843, « des théologiens libéraux » s’acharnent dans les démythologisations de toutes sortes, comme David Strauss dans sa « Vie de Jésus » (1835) et « les interprétations résiduelles du Christianisme » comme celles de Feuerbach dans L’Essence du Christianisme » (1841) ou de Bruno Bauer dans « Le Christianisme dévoilé » (1843) prolifèrent. En contrepoint la pensée profondément religieuse de Kirkegaard n’échappe pas à une vision tragique de l’existence qui soulève la nausée, le désespoir, l’errance et l’angoisse (1).

D’autres formes de dramatisations exprimeront entre 2008 et 2023 les résistances aux changements, et soulèveront d’autres propositions de représentations de l’Homme, créateur potentiel d’autres Golem. Il est probable que les premières applications du génie génétique à l’humain seront effectuées durant cette période, l’homme explorera de nouvelles relations à la mort. La vie sera considérée comme une succession ininterrompue de mourir pour renaître et par là en évolution permanente.

Cette période 2008-2023 devrait être dominée par la maîtrise d’énergies nouvelles, fusion atomique, antimatière, etc., ce qui bouleversera profondément toutes les données économiques.
La relation à l’accumulation de moyens, privilèges, objets et savoirs, en sera profondément transformée, et plus particulièrement la relation à leur transmission ; cette question de la transmission, de l’étude et de la propagation lointaine sera au centre du débat dans la période 2023-2038.

2023 – 2038 :
EN QUÊTE DE NOUVEAUX HORIZONS

La planétarisation de la conscience de l’homme libre et singulier, créateur de son monde, s’intensifiera vraisemblablement, mais ne pourra pas éviter toute incohérence ; on cherchera encore des médiateurs, des leaders, des guides, et des maîtres à penser aptes à réaliser cette planétarisation, au lieu de stimuler toutes les approches permettant l’autonomie du penser.

Cette période aura des analogies avec les trois phases 1483- 1498, 1663-1678, 1843-1858, où à chaque fois se sont produites d’importantes incohérences, par rapport aux aspirations à l’œuvre.

Quand Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492, il a ouvert la voie vers l’Ouest, la focalisation vers les pays du Soleil couchant. Mais il a également favorisé la traite des noirs, la colonisation et les missions évangéliques.

La période 1663-1678 a été dominée par le roi-soleil au pouvoir absolu, préfigurant le soleil-roi de la souveraineté-individuelle, mais réactivant également les despotismes. Colbert, après l’Angleterre, fonde la Compagnie française des Indes orientales et la Compagnie française des Indes occidentales qui ont ouvert les esprits, mais ont aussi contribué à l’omniprésence envahissante de la civilisation occidentale sur la planète.

Durant cette période l’aspiration émergente est exprimée par la pensée de Spinoza (1) pour lequel il faut que l’individu ait « le droit de penser et de dire ce qu’il pense ».

Si l’essentiel de la pensée de Spinoza, profondément déiste, est aussi difficile à pénétrer, c’est que cette phase est extrêmement ambiguë. Elle réactive les systèmes d’aspirations anciens au sein même du processus de croissance de nouvelles aspirations, ce qui génère immanquablement des incohérences.

Toute la projection absolutiste sur des guides, des maîtres, hommes ou Dieu, chargés de diriger et d’aller enseigner toutes les nations (10) alimente les erreurs expansionnistes (contraires à la logique interne des nouvelles aspirations), perpétrées depuis la Renaissance sous forme de colonialisme, d’implantations missionnaires, ou de rêves expansionnistes, marxistes ou nazis.

On peut penser qu’entre 2023 et 2038 apparaîtront de nouvelles flambées réactionnaires, qu’on verra la réactivation de l’idée d’un Roi du Monde, une idée qui se transformera dans la phase suivante en recherche d’une organisation « super-supranationale », mondiale.

Des tentatives d’exercer une emprise psychique sur la planète entière pourraient apparaître et pourraient entraîner la complicité d’un grand nombre de peuples, effrayés par l’inconnu et par l’anarchie, frayeurs générées par l’accroissement du nombre d’esprits libres incontrôlables.

Cette période pourrait connaître les premières tentatives de sortie du système solaire, de toute façon la découverte de nouveaux territoires, de nouveaux marchés, concrets, sensibles ou conceptuels et une expansion du champ de conscience.

Dans le système de philosophie politique d’Auguste Comte publié en 1851-1854 : « l’humanité doit être considérée comme le nouveau Grand Être et le nouveau Dieu” (1), ce qui, d’ailleurs, l’a poussé à fonder une nouvelle religion.

Cette période 2023-2038 verra émerger de nouvelles pseudo révélations, à tendance unitaire, proposant un sens, un espoir, une finalité commune à l’espèce humaine. Elles ne pourraient durer qu’en renvoyant chaque être humain à lui-même et à son propre pouvoir, ce qui est antinomique avec tout dogmatisme idéologique et toute catéchèse, nécessaires à des mouvements enrégimentant les esprits dociles, admirateurs des autorités, chargées de penser pour eux.

L’interrogation sur ce qui est réellement porteur de sens pour l’espèce humaine, restera sans doute ouverte jusqu’à la formulation de la cohérence interne du nouveau système quelques 120 ans plus tard.

2038 – 2083 :
EN QUÊTE DE NOUVELLES REPRÉSENTATIONS DU MONDE

La période 2038-2053 sera dominée par la recherche de nouvelles formes d’organisation des relations humaines, par la proposition de nouvelles références, concrètes et mentales, aptes à structurer la planète et les individus, de manière compatible avec les tendances lourdes du nouveau système d’aspirations. Par là, sa maturation entrera dans sa dernière partie, couvrant la période 2038 à 2083.
Cette dernière partie couvre trois étapes. Ce sont les étapes les plus tournées vers des interrogations abstraites :

  • la recherche de structures d’organisation, (2038-2053)
  • l’exploration des logiques internes des concepts pour lesquels ces structures sont conçues (2053-2068)
  • les mythes et archétypes auxquels ces concepts se rattachent (2068- 2083).

Elle correspond aux périodes 1498-1543, 1678-1723, 1858-1903.

De la Nef des fous (1500) à l’Abbaye de Thélème de Rabelais (1494-1553) en passant par la Réforme de Luther (1483 à 1546) et de Calvin (1509 à 1564) proposant une république théocratique à Genève, les tentatives sont variées mais toutes s’articulent sur le génie propre à chaque individu à se gouverner lui-même.

Paracelse (1493-1541) rompt avec les traditions médicales issues de Galien et d’Avicenne, il pense qu’il y a autant de maladies que de malades. Il considère l’homme comme un microcosme analogue au macrocosme et pense que le semblable guérit le semblable. « On peut le tenir pour le véritable fondateur de l’homéopathie » en. Faut-il en conclure que les nouvelles contributions de Benveniste à l’homéopathie ne seront prises en compte qu’après 2038, lorsque de nouveaux modes de penser et de nouvelles organisations les rendront acceptables ?

Jérôme Cardan (1501-1576), Nostradamus (1503-1566) et un Faust historique (1480-1539), devenu légendaire parce qu’on sentait « surgir à travers lui un homme titanesque capable de défier Dieu » (1), ont vécu au même moment.

De 1678 à 1723 Leibnitz « met l’infini au cœur du fini » (1646- 1716) et propose une organisation « sans relation de subordination, sans rapports d’exclusion, sans relation de composition, seulement d’intégrations réciproques« . De tels rapports d’intégration se déploient selon l’espace (ordre des simultanés) et selon le temps (ordre des successifs) (1).

Les nouveaux modes de penser adéquats aux aspirations émergentes reprendront et développeront cette idée de relations d’intégrations réciproques pour élaborer des structures de type fractal en réseaux enchevêtrés (14). Une des pièces manquantes, actuellement, pour développer ce type de logique est l’entraînement des esprits à distinguer des niveaux d’abstraction sans les hiérarchiser en dominances les uns par rapport aux autres.

En effet la notion de hiérarchie, d’ordre, relève du nouveau système, mais dans un sens différent de celui que véhiculent aujourd’hui ces termes. Elle aura la fonction de donner à voir, d’éclairer, de faire apparaître, de permettre de distinguer pour unir les différents niveaux d’organisation, de rendre perceptibles les interactions et non pas de ranger dans des cases, ou des castes.

Penser la co-présence du simultané et du successif, sera une autre difficulté à résoudre durant la période 2038-2083 qui transformera l’approche prospective et toutes les anticipations du futur ; cette élucidation développera considérablement la responsabilité des individus et des institutions et relativisera le pouvoir des décideurs qui ne pourront plus plaider l’ignorance des conséquences, aujourd’hui réputées imprévisibles.

L’ignorance cessera d’être une excuse. Elle ne sera pas comblée par du savoir, mais par le renversement de la charge de l’initiative en vue de déceler les manques de clairvoyance et d’y remédier par une amélioration du penser, de l’activité pensante et non par l’amélioration d’une référence à des pensées déjà constituées.

Newton (1642-1727) a été l’autre grand penseur de cette époque charnière. Comme Leibnitz, il a voulu « respiritualiser la physique après que Descartes ait banni de son système toutes les forces non matérielles (1).

Jean Brun (1) situe entre 1680 et 1715 ce que Paul Hazard nomme la « crise de la conscience européenne« . Ce sont en fait les premiers balbutiements du nouveau système qui récuse toute référence à une autorité extérieure à l’Homme, et dont la déclaration des peuples à disposer d’eux-mêmes en 1776 en Amérique et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en France en 1789, sont les expressions les plus évidentes.

2038-2083 générera les outils conceptuels permettant une nouvelle crise de conscience qui débouchera, au cours du 22ème siècle,
sur une formulation plus large et plus complète que celle du 18ème siècle, ne permettant plus certaines aberrations, comme l’idée de Robespierre de déifier la raison ou celle de Marx, de déifier le prolétariat ou l’Histoire.

Si les limites et les insuffisances des thèses des Lumières apparaissent dès la fin du 18ème siècle, elles n’ont été conceptualisées, dans une tentative de dépassement, que durant la période 1858-1903.

Le grand penseur de la première moitié de cette période est Marx (1818-1883) dont la pensée est un extraordinaire syncrétisme des aspirations qui sous-tendent le judaïsme et le christianisme. Le prolétariat remplace à la fois le peuple élu et les pauvres, auxquels s’adresse le christianisme, qui ont effectivement vaincu les tenants du pouvoir romain en quelques siècles.

Marx réactive les aspirations qui sous-tendent le mythe de la Justice et du Partage, d’avant la relativisation de ce mythe par le Jugement de Salomon, ainsi que le mythe de la Vierge économe, collectiviste et organisatrice des récoltes et des résultats, le mythe de l’accomplissement du Royaume des Cieux sur la Terre, auquel même la Réforme n’a pas su échapper entièrement.

La phase 1858-1873 est la phase de recherche de nouvelles structures organisationnelles. Les thèses de Marx ont eu le développement que l’on connaît, essentiellement dans les pays où le retard du développement de la conscience individuelle était le plus grand.

Le marxisme fonctionne un peu comme des cours de rattrapage accélérés. L’introduction de la dialectique et des thèses sur la religion, opium du peuple, a permis notamment à la Chine et à l’URSS de s’affranchir plus rapidement des cultures dévotionnelles. Il est probable que durant la période 2038-2083 émergeront de nouvelles propositions de ce type, dont les promoteurs seront l’ensemble des religions et des courants de pensée, ayant en commun les idéologies de clôture, dénoncées par Kafka, nécessaires aux esprits encore trop immatures pour assumer le nouveau système.

C’est certainement Nietzsche (1844-1900) qui incarne le plus complètement le système en émergence.

« Homme des contradictions et des déchirements vécus jusqu’à la folie », il se situe « aux antipodes des philosophies de la synthèse et de la réconciliation » (1). Dans « Humain trop humain » (1878), il interroge : « La détresse des âmes les plus libres, comment l’appeler ? ». Nietzsche perçoit cet homme, libre, solitaire, et sans appartenance (sans patrie) mais ne peut l’assumer. Il fait, par là, écho à Descartes qui affirme que le philosophe ne peut viser qu’un but « privé » vers lequel s’achemine « un homme qui marche seul et dans les ténèbres » (11).

Il annonce  » Le Crépuscule des Idoles » (1889), les Trois métamorphoses – Zarathoustra : le chameau devenant lion, lui-même devant muer en enfant acquiesçant au jeu de la création – conduisant « Par-delà le bien et le mal » (1886) (1). Après le non au vouloir-vivre égotique de Schopenhauer, Nietzsche prône le oui à la volonté de puissance,  » à condition que ce oui ne soit pas celui des autres, mais qu’il représente à chaque fois le bourgeon terminal de la plante humaine » (1).
Il relativise le « je pense » cartésien, affirmant qu’ »une pensée vient quand elle veut et non quand je veux ».

La période 2038-2083 aura à repenser la pensée et le penser et aura à explorer cette expérience accessible à chaque être humain : laisser l’intensité des interrogations le projeter hors des conditionnements spatio-temporels et par là reconfigurer ses grilles de lecture du monde. Cette expérience a déjà été signalée par Héraclite lorsqu’il se réfère à « un monde commun aux éveillés, alors que chacun des dormeurs s’en va dans son monde particulier ».

L’élucidation et la maîtrise des mécanismes du penser permettront à l’homme de s’affranchir des maîtres et de tenir en échec
toutes les tentatives d’endoctrinement aliénant sa liberté. Cela prendra plusieurs siècles.

2083-2143 : L’EXPRESSION DE LA COHÉRENCE INTERNE

Les besoins d’une formulation de la logique interne du nouveau système commencent à devenir perceptibles dès 2058. Mais l’élan nécessaire pour lancer des tentatives concrètes, significatives par le nombre de facteurs des nouvelles aspirations pris en compte, n’existera qu’à partir de 2083.

De 2083 à 2143 s’effectuera la lente élaboration de la formulation.

Une formulation s’élabore un peu comme un nouveau produit. Les idées doivent se confronter au terrain, aux conditions de réalisations, aux limites des moyens disponibles. Mais la volonté de réaliser certaines idées peut aussi conduire à inventer de nouveaux contextes, de générer les moyens et les situations appropriées. Cette interaction texte/contexte occupera les trente premières années.

Ceci exigera de nombreuses expériences, de nombreux essais et erreurs, rectifiés inlassablement, et peut passer par des propositions extravagantes, progressivement abandonnées, et remplacées par des procédures plus simples.

Ces essais seront l’œuvre de transfuges, aptes à renoncer aux critères dérivés des anciens systèmes, mais également capables de renoncer à rechercher un nouveau consensus avec leurs interlocuteurs.

Ces transfuges communiqueront entre eux grâce à des réseaux transnationaux, transculturels, transdisciplinaires, trans-milieux. Ils se transformeront réciproquement, non pour amoindrir leurs différences, mais pour affiner l’expression de leurs singularités.

L’enjeu de ces réseaux n’est pas d’aboutir à une réalisation quelconque, mais de servir de contextes relationnels opérants, grâce auxquels les transfuges peuvent poursuivre leur propre évolution, leurs propres questionnements relatifs aux terrains d’applications qu’ils ont choisis.

C’est vers 2150 que devraient apparaître les premiers balbutiements d’un certain nombre de données fondamentales de la formulation.

Par la relativisation de l’exaltation du quantitatif, et de l’organisation centripète des relations, et par le développement de la conscience planétaire, les appartenances s’effilocheront. Les concepts de société et de socialisation, de famille et d’entreprise, d’état et d’église ou de communauté, fut-elle scientifique, perdront leur importance et leur prégnance.

L’affinement du regard, doté de multiples moyens d’investigations, permettra à l’homme de bien distinguer les reflets des sources, favorisant ainsi toutes les formes d’interaction et de relations non fusionnelles.

Un grand nombre d’individus se focaliseront sur des enjeux planétaires en fonction de leurs sujets d’intérêt personnels.
Les grandes questions philosophiques sur le sens de la vie, de la mort, des guerres, de la maladie seront reformulées.

L’enjeu, la question centrale ne sera plus la survie à tout prix, ni les rapports de force, ni les répartitions des richesses, ni de faire le bien ou de dire le vrai mais bien, jusqu’à quel point sera-t-il possible de déceler, de favoriser, de concrétiser ce qui est adéquat à l’évolution de la conscience humaine et au déploiement du pouvoir créateur de l’homme ?

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ANNEXE

I. LA STRUCTURE DU TEMPS

L’exploration de la logique interne d’un système d’aspirations et les étapes de son déploiement reposent sur une approche structurelle du temps (15).
Tout rythme peut être considéré comme un hologramme, une photographie en relief, dont n’importe quelle partie reflète la structure de l’entier.

Les trois dimensions du rythme sont :

– l’aspect fixe, obtenu par le partage du rythme par l’axe équinoxial
Cet aspect sous-tend la logique binaire, initiée par Parménide (16) (distinguer ce qui est de ce qui n’est pas) revue et corrigée par Platon (la non-existence est une autre existence) et par Aristote (une chose ne peut pas à la fois être et ne pas être).
– l’aspect mouvant, obtenu par le partage du rythme par l’axe solsticial.
– les 2 x 2 inverseurs de sens, des torsions cm structurelles, qui permettent de produire les deux autres aspects, et fondent l’aspect conceptuel du rythme.

Les trois aspects structurels du temps ne sont pas superposables. Pour les combiner, il faut utiliser la théorie combinatoire de Cantor (14) (17) et l’appliquer à chaque inverseur.

Cette construction abstraite permet d’illustrer le développement à la fois fractal et holographique (14) du rythme et de l’ensemble de ses fractions, à l’infini, au sein même du rythme de référence.

Par rapport à un rythme d’une durée quelconque, n’importe quelle fraction 1/2, 1/3, 1/4, 1/6, 1/12 etc… peut être considérée comme un entier, caractérisé par l’un des 12 inverseurs dérivés, disposant des autres inverseurs dérivés, de même nature (soit par leurs indices a, b, c, soit par leur origine I, A, II B).
Ainsi la phase 1 est caractérisée par :

Comme entier de référence, ce système peut être exploré dans sa logique interne comme un système interactif (3).
L’inscription dans l’espace et le temps de cet entier intemporel s’opère par une succession de phases aussi détaillées que l’on souhaite, dans le sens a, b, c, ou Ia, Ab, IIC, Ba, etc…
Par contre, le dévoilement de l’intemporel s’opère en sens inverse, par la succession des inverseurs primaires I, A, II, B sans tenir compte des indices a, b, c.
Dans le cadre de ce rapport, nous ne pouvons qu’évoquer ces bases structurelles, sans les développer (18).

IL LES SYSTÈMES D’ASPIRATIONS DANS LA DURÉE

Les systèmes d’aspirations concernent l’évolution de l’espèce humaine dans son ensemble. Ils n’expriment que le sens, l’aspect conceptuel, représenté par les inverseurs.

Les formes d’expression sont conditionnées par les conditions historiques et géographiques locales, beaucoup plus éphémères, soumises au « hasard » et « à la nécessité » de la chair et du sang, de la contingence, des causalités.

Les aspirations sont des tendances lourdes qui s’expriment par des finalités mobilisatrices qui interagissent avec le dynamisme vital, exprimé par le partage solsticial et le déjà-là, fixe, exprimé par le partage équinoxial.

Les interactions se déploient dans la durée en un processus de croissance/décroissance du système d’aspiration. Ce processus est structurellement le même que celui de la succession non permutable des saisons qui régit tout ce qui existe sur la Terre.

Durant le premier tiers du processus (phases 1 à 4) ( cf schéma ) le système d’aspiration se constitue progressivement. Durant la phase 5 sa logique interne complète est formulée explicitement, comme une proposition d’un nouveau système de référence, d’une nouvelle représentation de l’Homme.

Les aspirations sont rythmées par la grande année de 25.920 ans, durée nécessaire à une révolution complète du point vernal. Cette révolution, appelée précession des équinoxes, est générée par le mouvement conique de l’axe de rotation de la Terre.

Ce sont les l/12ème de cette grande année, de 2.160 ans, qui apparaissent comme les fractions pertinentes pour l’étude des systèmes d’aspirations successifs qui rythment l’évolution de la conscience de l’espèce.

Les expressions « occidentales » de la cohérence interne des systèmes d’aspirations précédents nous sont parvenues, relativement bien conservées, par la Bible ; l’Ancien Testament, comme fondement du judaïsme (expression particulière de l’avant-dernier système) et les Évangiles, comme fondement du Christianisme (expression particulière du dernier système).
Les systèmes d’aspirations sont infiniment plus abstraits que les religions ou les systèmes philosophiques, qui n’en sont que des expressions, recevables par l’humanité, en un lieu particulier, et à un moment particulier, de son évolution.

En d’autres lieux, à d’autres moments du calendrier des aspirations, d’autres expressions d’une autre phase du déploiement du système apparaissent.

Lorsque les expressions particulières s’instituent, la fraction qu’elles expriment devient un entier de référence et est soumise à la logique structurelle du temps. L’expression, instituée, déploie sa cohérence interne et son propre rythme processuel. Elle est alors confrontée elle-même aux inverseurs, reflets de la dynamique des aspirations dont elle n’est que l’expression d’un moment. Elle est ainsi remise en cause par le mouvement même qui l’a généré.

De nouvelles aspirations, différentes, en certains points paradoxales, émergent en son sein même.

Le processus de croissance- décroissance commence en Aa. Mais de Aa à Ia, la croissance reste purement conceptuelle et n’est conscientisée que par les esprits entièrement orientés vers l’intemporel. Durant cette phase se constitue le germe du nouveau système d’aspirations. Les premiers signes concrets apparaissent en 1.

De ce fait, on assigne généralement à cette phase – de Ia à A^ le qualificatif de début d’ère ou début de cycle. Il ne s’agit que du début de la manifestation.

Cette confusion entre début de processus de croissance Aa et début de manifestation Ia est lourde de conséquences pour la compréhension des mécanismes de la création et alimente les anathèmes que se lancent réciproquement les spiritualistes et les matérialistes, les esprits religieux et les esprits scientifiques, victimes des limites de la logique binaire d’origine équinoxiale, dont ils sont prisonniers.

De Ia à I5 (phases 1 à 4) les manifestations sont perceptibles par les esprits aventureux en quête d’innovations et négligées, voire récusées, par les esprits conservateurs, garants du déjà-là.

Tant que la logique interne du nouveau système n’est pas formulée, il est difficile d’apprécier l’importance des signes, faute de système de références. Par rapport à l’ancien système encore en place, ils sont toujours déstabilisateurs (17). Les signes sont évalués par rapport aux systèmes de références anciens ce qui est une erreur conceptuelle, à laquelle il ne peut être remédié que par l’élucidation de la cohérence interne dont ils sont des manifestations partielles.

C’est entre 1363 et 1543 qu’il est possible d’observer les premiers signes de manifestation du germe du nouveau système. Le succès de l’invention de Gutenberg (1447-1450) n’est pas dû à la prouesse technique. Gutenberg répond à l’aspiration des esprits à s’affranchir de la nécessité d’écouter des maîtres et de disposer d’un accès direct, personnel, individuel, aux textes (1). Les caractères d’imprimerie mobiles, en argile et non en métal, sont apparus en Chine dès 1041, dans la phase 11, phase de vision conceptuelle, encore complètement dominée par l’aspiration à l’écoute du Royaume des Cieux. « Les temps n’étaient pas venus » ! (10).
1363-1543, une période de 180 ans, l/12ème du rythme de référence de 2160 ans.

Le déploiement des phases, notamment de la phase 1 du processus de manifestation, phase du germe, peut être valablement étudié en 12 étapes de 15 ans. Chacune de ces étapes peut redevenir rythme de référence pour l’étude de 12 étapes de 15 mois.

En 1438, Gutenberg commence en secret la fabrication des caractères mobiles (début de la 6ème phase 1438-1453). En 1448, il perfectionne son invention. L’écart est de 10 ans, soit 2/3 d’une phase ; vers la fin du 2ème tiers, les limites d’un système deviennent perceptibles et suscitent des transformations (8ème phase).
Au lieu d’assumer seul la fin du rythme jusqu’en 1453, il s’associe en 1450, trop tôt. La 7ème phase, phase des associations avec l’altérité, ne commence qu’en 1453. L’association échoue. Gutenberg est dépossédé en 1455 et ne retrouvera les moyens de reprendre ses travaux qu’en 1465.

Gutenberg, par son invention, se révèle parfaitement accordé aux tendances lourdes (rythmes de 2160 et 180 ans) mais insuffisamment attentif au rythme de mise en œuvre (15 ans), qui sous-tend l’évolution des marchés, ce qui est une des grandes faiblesses des inventeurs importants et leur rend souvent la vie difficile.

De légères variations peuvent intervenir dans les datations (15). Ces variations ne dépassent pas 1/4 d’une phase pour un rythme de 12 phases. Elles sont proportionnellement de la même importance que l’écart observable dans la position du Soleil à midi par rapport au zénith (+ ou – 15 minutes).

La date d’origine du processus de manifestation (1363) a été obtenue par approximations successives, en calant progressivement des centaines de dates, particulièrement significatives dans leurs expressions, dans diverses phases de 180 ans, 15 ans et même 15 mois.

Supposons des fêtes commémoratives de la Révolution Française conforme au rythme de 180 ans, en 1969 ! Elles auraient certainement suscité plus d’intérêt.

Les manifestations de Pékin de mai 1989, comme le Bicentenaire de la Révolution française, ne pouvaient pas mobiliser le grand public plus accordé aux rythmes les plus courts. En 1989 les aspirations courtes (15 ans) restent encore orientées vers la primauté de l’économique, bien que celle-ci commence à montrer ses limites depuis 1987.

La relativisation de la primauté de l’économique, de la gestion du déjà-là et du productivisme ne commencera, pour le grand nombre, qu’à partir de 1993.

Toute la période 1978 à 1987 était orientée vers des retours aux intégrismes, aux extrémismes, à la recherche de sécurité, à la préservation… jusqu’aux publicités pour des préservatifs ! La phase 6 de n’importe quel rythme est Ac : la nuit la plus profonde en plein jour ! Aucun espoir encore à l’horizon, d’où, repli sur la préservation du déjà- là, et retour aux valeurs éprouvées du passé.

Les phases A succèdent toujours à des phases I caractérisées par l’espoir d’une aube nouvelle comme durant les périodes 1903-1918, 1963-1978. Les phases A en gèrent les fruits, mais aussi les espoirs déçus.

Nous avons également calé cette date de 1363 par rapport aux grandes périodes des millénaires précédents. Enfin nous avons pu croiser nos datations avec celles du calendrier hébraïque.
Ce calendrier date l’apparition d’Adam d’il y a 5750 ans. Adam symbolise le premier homme « fécondable par l’esprit », celui qui possède l’étincelle divine (Aleph) dans le sang (dam) (19). Cette apparition marque -selon le calendrier hébraïque- le début d’un cycle de 6000 ans (6 jours de 1000 ans) au bout desquels, en l’an 2239, cet Homme générique sera enfin fécondé par l’esprit et reconnaîtra en lui- même « deux vies s’interfécondant dans l’existant » – traduction cabalistique de « Yahvé »- (19).

2239 après J.C. se situe dans la phase de vision conceptuelle de l’étape d’expression de la cohérence complète du système d’aspiration vers un Homme libre, souverain, créateur, maîtrisant les métamorphoses, apte à discerner les multiples facettes du même, les multiples formes relationnelles avec l’altérité et à relativiser les produits des conditionnements spatio-temporels aux fondements intemporels.

Elisabeth MEICHELBECK

Bibliographie

  1.  L’Europe philosophe, Jean Brun (Stock)
  2. Regards sur les nouveaux modes de penser dans l’entreprise Antoine Valabrègue Symbolium – CPE
    Fondements humains des programmes et des métaprogrammes
    Christian Enlart (Cohérence/Sophon)
    Les simulacres de Dieu, John Lilly (Groupe de Chamarande) Derrière la magie, Cayrol (Interéditions)
    Pouvoir illimité, Anthony Robbins (Robert Laffont)
    Travaux sur la Programmation Neuro-linguistique (PNL)
  3. La théorie générale des systèmes, Ludwig von Bertalanffÿ (Dunod)
  4. Science and Sanity, Alfred Korzybski
    International non-aristotelian Library Publishing Company
  5. Les 3 matières, Stéphane Lupasco (Cohérence/Sophon)
  6. Connaître, Francisco Varela (Seuil)
  7. La Langue du Vivant, ou la (Vie)3, Agnès Bousser (Sophon)
    Adam ou la géométrie incarnée, Janine Enlart (Cohérence/Sophon) Les certitudes oubliées, Janine Enlart (Cohérence/Sophon)
  8. Larousse, Définition de créer
  9. La pensée créatrice, Paul Klee (Dessain et Tolra)
  10. Évangiles
  11. Descartes et l’ordre politique, Pierre Guenancia (Puf)
  12. Travaux de Charles Krejtmann, Séminaire d’Ethnotechnologie Collège International de Philosophie.
  13. L’Ange Masqué, Traité de l’intelligible et du Sensible,
    Carlo Suarès (Cohérence/Sophon)
  14. La théorie du chaos, James Gleick (Albin Michel)
  15. Le Jeu de la Réalité Tome 1 Les précis ridicules Tome 2 La machine de l’Éternité,
    Jean-Charles Pichon, (Cohérence/Sophon)
  16. L’univers irrésolu, Karl Popper (Hermann)
  17. Les dimensions fondamentales, Lise Lafrenière (Cohérence-Sophon)
  18. Recherches en cours, Institut de Recherche sur la Communication, publiées par Sophon.
  19. La Bible restituée, Carlo Suarès (Cohérence/Sophon)

Cette étude est une contribution au rapport sur révolution du monde et de ses environs dirigé par Thierry GAUDIN, Ministère de la Recherche, Centre de Prospective et d’Études